Ibn Khaldoun: l’homme comme animal politique


L’homme se distingue de tous les êtres vivants par des attributs qui lui sont propres ; dans ce nombre on doit ranger :


1. Les sciences et les arts : ils sont le produit de la réflexion, faculté qui distingue l’homme des animaux, et l’élève au-dessus de toutes les créatures.


2. Le besoin d’une autorité qui puisse le réprimer et d’un pouvoir qui le contraigne. En effet, de tous les animaux, l’homme est le seul qui ne saurait exister sans cela et, si comme on l’assure, on trouve quelque chose de semblable parmi les abeilles et les sauterelles, c’est, chez ces insectes, le résultat de l’instinct, non de la réflexion ni du jugement.


3. L’effort que fait l’homme pour assurer sa subsistance et les différents moyens par lesquels il s’y emploie. En effet, Dieu ayant soumis les hommes à la nécessité de se nourrir afin de conserver leur vie et de maintenir leur existence, il les dirige lui-même vers le désir et la recherche de ce qui leur est nécessaire. Le Dieu très-haut a dit : « Dieu a donné à tous les êtres une nature spéciale, puis Il les a dirigés. (Coran, sour. XX, vers. 52.)


4. La sociabilité, c’est à dire la tendance qui porte les hommes à demeurer et à se fixer ensemble, soit dans les villes, soit sous des tentes pour y vivre en société et pour satisfaire leurs besoins, car la nature les porte à s’entraider dans la recherche de la subsistance (…)


5. et 6. L’état social. Il a deux aspects : la vie nomade qui se déroule dans les plaines, sur les montagnes, ainsi que sous les tentes des nomades qui parcourent les pâturages situés dans les déserts ou à la limite des sables. Le second est la vie sédentaire qui se passent dans les cités, les villages, les villes et les hameaux ; L’homme s’y tient afin de pourvoir à sa sûreté et d’être protégé par des murailles. Dans toutes ces conditions (d’existence) apparaissent des facteurs essentiels qui affectent la vie sociale inhérente à l’état de civilisation.