| Bou-Saada, le 31 Janvier, samedi, 1 heure soir | |
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Hier, nous sommes rentrés d'El-Hamel vers 3 heures du soir, Ben Ali et moi. Toutes les fois que je vois Lella Zeyneb, j'éprouve une sorte de rajeunissement, de joie sans cause visible, d'apaisement. Je l'ai vue hier deux fois dans la matinée. Elle a été très bonne et très douce pour moi et a manifesté sa joie de me revoir. Visite au tombeau de Sidi Mohammed Belkassem, tout petit et tout simple dans la grande mosquée qui, achevée, sera très belle. Puis, été prier sur la cote en face des pélerins fondateurs d'El-Hamel. (...) El-Hamel, vers le sud-est, ferme et commande des gorges longues et larges, très accidentées, au milieu desquelles se dresse un kef élevé et que ferme à l'horizon une montagne absolument conique, semblable à une guemira. Derrière s'ouvre, mystérieuse et immense une plaine bleuâtre... Les maisons des Chorfa qui avoisine la zaouia ont de hautes murailles revêtues de toub. Ces maisons ont l'air de forteresses babyloniennes avec leurs carrés juxtaposés et leurs terrasses plates dominant les cours géométriques. Les amandiers qui dominent dans les jardins ne sont pas encore fleuris. La légende des pèlerins d'El-Hamel me fait rêver. C'est certainement l'une des plus biblique de l'Algérie... Ce journalier commencé là-bas, sur la terre haïe de l'exil, pendant l'une des périodes les plus noires, les plus douloureusement incertaines et les plus fertiles en souffrances de ma vie, finit aujourd'hui. Tout - et moi-même - est changé radicalement... Depuis un an, je suis de nouveau sur la terre bénie de l'Afrique que je ne voudrais ne plus jamais quitter. (...) Un grand silence, le silence du Sud, règne sur Bou-Saada. Certes, dans cette ville encore si éloignée du mouvement stupide du Tell, on sent bien peser la torpeur caractéristique du sud. Dieu conserve encore longtemps Bou-Saada intacte ! (...) "Dieu connaît les choses cachées et la sincérité des témoignages !" |