L'ONU s'inquiète de la menace qui pèse sur les déserts

lemonde.fr du 05.06.06

A l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement, lundi 5 juin, l'ONU consacre un rapport aux déserts, trésors de ressources plus menacés que jamais. "Loin d'être des terres arides, les déserts apparaissent comme dynamiques à la fois sur le plan biologique, économique et culturel, tout en subissant les pressions du monde moderne", a expliqué Shafqat Kakakhel, directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). "Les déserts ont un véritable potentiel économique et recèlent des moyens de subsistance, soulignant si nécessaire que l'environnement n'est pas un luxe, mais un élément-clé pour lutter contre la pauvreté et atteindre les objectifs de éveloppement que s'est fixée la communauté internationale", a-t-il ajouté.

 

 

Un quart au moins des terres émergées de la planète – 33,7 millions de kilomètres carrés – sont considérés comme désertiques. Cinq cents millions de personnes y habitent, selon le rapport du PNUE. Mais leurs paysages uniques, leurs cultures, leurs flore et faune particulières risquent de disparaître faute d'intervention, a averti, lors d'une conférence de presse à Londres, un des auteurs du rapport, Andrew Warren, professeur de géographie à l'University College London. "Ce qui m'inquiète, c'est que les déserts sont menacés comme jamais auparavant par le changement climatique, la surexploitation des nappes phréatiques, la salinisation et la disparition de la faune", a-t-il dit.

"RÉPONSES À DE NOMBREUX DÉFIS"

La température des régions désertiques a augmenté entre 0,5 et 2 °C entre 1976 et 2000 – contre 0,45 °C  sur le reste de la planète – et pourrait gagner 5 à 7 degrés d'ici à 2071-2100. L'assèchement des rivières, l'utilisation parfois peu efficace de l'eau pour irriguer et la croissance démographique vont accentuer la pénurie d'eau, particulièrement en Arabie saoudite, en Syrie, au Pakistan, dans l'ouest de la Chine, au Tchad, en Irak et au Niger, prédit le rapport. La construction de routes, la pollution, le tourisme, la chasse menacent la faune, dont plusieurs espèces sont en voie de disparition. Et ces zones sont également affectées par leur utilisation comme terrain d'entraînement militaire, prison ou camp de réfugiés.

"Ces déserts sont des écosystèmes dynamiques et uniques qui, s'ils sont traités avec ménagement, peuvent fournir des réponses à de nombreux défis auxquels nous faisons face aujourd'hui, que ce soit pour l'énergie, l'alimentation ou la médecine"
, a fait valoir Zaveh Zahedi, directeur adjoint du centre de surveillance de la défense de l'environnement du PNUE, situé à Cambridge. Ces zones pourraient devenir des centrales électriques non polluantes du XXIe siècle,  grâce au soleil et au vent. Un désert de la taille du Sahara pourrait capturer assez d'énergie solaire pour répondre aux besoins d'électricité du monde entier, selon M. Zahedi.

"Des animaux et des plantes sauvages constituent de nouvelles sources pour la recherche pharmaceutique, des produits industriels et l'agriculture", indique le PNUE. Le nipa (un palmier), récolté par le peuple Cocopah dans le désert du nord-ouest du Mexique,"pourrait apporter une contribution importante à la sécurité alimentaire et devenir ainsi le plus grand cadeau offert par le désert au reste du monde", indique le PNUE. Des plantes trouvées au Maroc, en Arizona et en Argentine ont des propriétés médicinales ; d'autres, découvertes dans le désert du Neguev, en Israël, peuvent aider à lutter contre le cancer et le paludisme. "Le potentiel pharmaceutique des plantes du désert reste à exploiter", selon le rapport.