La commune d’Eddis et des Ouled Sidi Brahim près de Bou Saâda
ont rendu un vibrant hommage à cheïkh El Hafnaoui (1850-1942) qui fut
une des fiertés de la région.
Il faut dire que les organisateurs n’ont ménagé aucun effort pour réussir
ce rendez-vous auquel ont pris part d’illustres personnages, comme El
Hadj Kacimi, cheïkh de la zaouïa d’El Hamel, cheikh Abderrahmane
Djillali, cheikh Amer de Djelfa et d’autres intervenants comme Hachemi
Larabi et El Hadi Hassani de l’Association des oulémas qui ont retracé
la vie et l’œuvre de ce grand érudit. A l’instar des cheikhs Bensmaïa
Abdelhalim et Hsen Brihmat qui officiaient comme lui à la grande mosquée
d’Alger au début du siècle dernier, cheikh El Hafnaoui, qui s’est
distingué dans des domaines aussi divers que le fikh ou l’astronomie, a
formé toute une génération d’Algériens qui lui manifestent
aujourd’hui toute leur gratitude et leur reconnaissance. De la petite
zaouïa d’Eddis tenue par son père, aux zaouïas de Tolga, d’Akbou et
d’El Hamel, El Hafnaoui a parcouru un long chemin parsemé de
connaissances et de savoir, que cheïkh Abderrahmane Djillali qui fut son
disciple a mis en exergue dans son riche exposé où il fut aussi question
de faits anecdotiques que le vieil homme narra avec l’humour qu’on lui
connaît. Cheikh Kacimi éclaira la studieuse assistance sur le rôle des
zaouïas dans l’éveil de la conscience anticoloniale et la place de
l’Islam en tant que ferment de la personnalité algérienne. Les autres
intervenants n’ont pas tari d’éloges sur l’apport intellectuel du
savant El Hafnaoui qui, dans un contexte de privation et d’oppression,
put tirer son épingle du jeu et s’affirmer comme l’un des penseurs
les plus en vue du siècle dernier. Les initiateurs de cette rencontre ne
cachaient pas leur satisfaction à la fin des cérémonies, tout contents
de la réussite de cette commémoration qui, bien que tardive, a rendu un
hommage mérité à un homme qui a tant donné. Comme le succès appelle
le succès, Hadj Madani Benabderrahmane, la cheville ouvrière de cette
rencontre, a promis de renouveler annuellement ce rendez-vous, en optant
éventuellement pour une période moins caniculaire, mais en faisant un
clin d’œil complice à tous ceux qui, issus de cette noble terre, ont
su porter haut le flambeau du savoir, de la culture et de la connaissance,
comme l’immense poète cheïkh Mohamed Benabderrahmane Eddissi, El Mazni
et bien d’autres… C’est aussi le vœu des intervenants, à
l’exemple de cheïkh Abderrahmane Djillali, visiblement enchanté par la
disponibilité de ses hôtes et leur générosité et qui a promis, lui
aussi, d’être de la partie chaque fois qu’on le sollicite…
El-Watan, édition du 10 juillet 2006 |